Pauline, alto

pauline

 

 

J'avais six ans quand Dieu m'est apparu : Il avait pris la forme d'un piano !

Le son de cet instrument fit de moi une véritable illuminée, et je ne pensais qu'à en jouer, à en posséder un, c'était la magie de l'existence incarnée en noir et blanc. Je fis mes premières gammes bien sagement, m'entraînant sur un petit synthétiseur Bontempi sur lequel on n'avait mis que 12 touches, mais j'y croyais !

Et puis, un beau jour, déambulant dans les couloirs de l'école de musique, je fis la connaissance d'un instrument que je ne connaissais pas, qui ressemblait à s'y méprendre à un violon, duquel il ne m'était jamais venu l'idée de jouer (Dieu-le piano occupait toujours une bonne partie de mon cerveau), bref, je tombais sur un alto comme on tombe par terre..

Et à partir de là, je me suis mise à l'aimer, à apprendre patiemment la clé d'ut en posant des pièces de monnaie sur des partitions en papier que me dessinait ma prof, à jongler entre la colophane et l'archet, entre les cordes qui cassent (mon père m'avait dit "pas grave, ça doit être comme les cordes de guitare, ça coûte rien !" - mon père est rockeur dans l'âme et guitariste à ses heures...) et l'instrument de location qu'on change comme on changerait de chaussures parce qu'on grandit.

Entre alto et piano, c'est pour moi comme entre la copine sympa et jolie, et la fille inaccessible de la classe, celle dont on se dit qu'on n'osera jamais l'approcher.

Je suis restée toutes ces années avec ma copine sympa et jolie, elle m'a accompagnée partout, elle m'a donné le goût de l'effort devant des partitions classiques qui donnent envie de pleurer, et l'envie de faire sonner les airs mystérieux d'Europe de l'Est, un temps avec La Familia Baolescu Orkestra, puis aujourd'hui avec Ariane Quartet !

La fille inaccessible (Dieu-le piano donc) s'est incarnée sous mes yeux dans MA maison à l'âge tardif de 17 ans, et elle reste depuis mon secret, ma faille, mon bonheur.

Mais si j'avais joué seulement du piano, vous croyez qu'ils auraient voulu de moi chez Ariane Quartet ?

Il faut croire que ma bonne étoile encore une fois m'a permis ces 3 rencontres là, précieuses, qu'elle veille sur moi et sur nous, pour aujourd'hui et pour très longtemps j'espère.

 

 

Le grain de sel de Quentin : Pauline est douce comme une petite perle de rosée, délicate comme un pétale d'orchidée, belle comme un coucher de soleil sur les bord du Nil, et joue comme une déesse yiddish... Bref, c'est la petite touche féminine de nous...Enfin, rien ne serait aussi vrai si l'on ne soulignait pas son caractère du tonnerre de feu!!! Bref, quand elle nous engueule, on l'écoute et on dit plus rien ! On peut dire que c'est un peu la chef (même si elle dit que c'est pas vrai)!